"Qui mange l'oie du Roi, cent ans après en rend les plumes" ; cet adage, aimant à souligner l'imprescribilité du domaine royal - délai au terme duquel une situation de fait devient fondée en droit, manière de devenir propriétaire d'une chose par une possession non interrompue pendant un temps fixé par la loi - n'est pas si éloigné de la tournure que je souhaite donner à ce premier article.
En effet, il est temps pour moi de tenter une analyse, passablement critique, sur le monde assassien découvert lors de cette première année universitaire. Le monde assassien et cet environnement juridique, globalement, étant, en matière de connaissance personnelle, plus que récent, il est de bon ton d'envisager la proposition d'un premier jugement. Cet univers composera, en partage, ma personne pendant de nombreuses années afin de faire corps avec elle dans une vie future.
En revanche, et prenant le risque suprême de la fronde des Juristes de tous pays, ce billet dérogera à la sacro-sainte règle du plan bipartique, où de multiples idées vont se juxtaposer dans l'unique dessein de favoriser la fluidité de ma pensée.
Prenons, d'une part, la naissance évidente d'un goût pour la matière. Goût pour la matière, allié en partie, avec une révélation environnementale pour cette université ; quittant ma Normandie natale, je n'avais, pour unique ambition, que l'intégration de celle-ci. Excellent moteur soit dit en passant. L'idée que je me faisais de cet Haut Lieu d'Instruction juridique français n'était pas si éloigné de la réalité. Une université qui bouge, se voulant à la base du Progrès ! Une université qui s'ouvre, se voulant au centre d'un monde surpeuplé d'excellentes institutions, telle est la lourde tâche du Président, Monsieur le Professeur Louis Vogel ; lourde tâche dont il semble s'affranchir avec brio, de par son expérience, elle même internationale ! Un corps professoral, tenu dans sa globalité, d'une qualité extraordinaire, il était plus rare, néanmoins, de m'appercevoir sur les bancs des Amphithéâtres, préférant déserter que d'annihiler mollement ma personnalité - n'oublions pas de noter en ma possession les cours magistraux. L'intérêt, parfois limité, je dois bien le reconnaître, que je porte à certains enseignements ne sont pas à l'origine d'une vocation initiée, cependant, ils ont pu contribuer à la validation de mes ambitions juridiques, liant très certainement ma vie future à ce monde si particulier. En effet, l'enseignement dispensé en première année est assez proche de la "légende urbaine", éloigné du juridiquement intéressant - à la lumière de la couleur avec laquelle je souhaite teinter ma carrière ...
D'autre part, un intérêt suprenant pour l'Humain. Moult rencontres ont ponctuées cette année universitaire, à savoir, en tout genre, que ce soit dans le domaine associatif, ou tout simplement pendant les Magistraux. Les qualités de la vie estudiantine sont souvent - trop - nombreuses. Multiples personnalités rencontrées, toutes aussi attachantes les unes que les autres, des difficultés d'intégration réduites à néant de par cette composition "pot pourri" de l'ensemble. Il fait bon vivre sous un ciel assassien ! Et puis également la rencontre de La Personne, ponctuée d'incertitudes au quotidien, ... mais l'on s'éloigne du juridiquement correct, alors, sans frapper près du négativisme, l'obscurantisme sierra à merveille pour cette première étape entre nous, vous et moi.
Sans oublier, l'une de mes plus belles expériences : la Plaidoirie. Oui, cette année, chers confrères, j'ai plaidé ! Attention, loin de moi l'envie subite de me gargariser inutilement ! Néanmoins, participant de facto au concours de Plaidoirie organisé par l'associatif universitaire, j'ai pu exercer mon ersatz de talent oratoire, doublé, ab abrupto, d'un goût prononcé pour l'art de la dialectique ; ceci groupé, in fine, sous un besoin permanent de rhétorique ... j'ai pu enfin prendre un plaisir innomable, inqualifiable, inquantifiable !
S'il était nécessaire de développer les points négatifs d'une année universitaire, l'essentiel reviendrait à critiquer les divines periodes des examens où, bien au contraire, la grâce de Dieu ne souhaite pas parvenir jusqu'à nous ! Enfin, il n'a jamais été prouvé, ne serait-ce que par turbe, qu'il est impossible d'en ressentir indemne ... Etiam innocentes cogit mentiri dolor, même la douleur force à mentir les innocents ... si je m'insurge ouvertement contre ce - gros - bémol annuel, c'est tout naturellement de par ma position hésitante, oscillant entre la joie d'avoir plus ou moins terminé mes épreuves et la crainte absolue d'être tombé à côté !
Felix qui potuit rerum cognoscere causas ... ce n'est pas l'évidence même aujourd'hui ! Mais globalement satisfait dans l'ensemble. L'introspection initiale était nécessaire ...